Mardi 30 novembre 2010

Auditorium du C.R.D.
CHARLEVILLE-MEZIERES

GAIA CUATRO
(Argentine / Japon )


photo
Michel Renaux

Gerardo Di Giusto : piano

Aska Kaneko : violon, voix

  Carlos Buschini : basse

Tomohiro Yahiro :
percussions

 

Lors de leur premier passage à Charleville-Mézières en 2007, les musiciens de Gaia Cuatro avaient suscité un tel enthousiasme du public, qu'on avait hâte de les retrouver, d'autant plus que depuis, deux albums magnifiques avaient été édités : "Udin" en 2008, et le tout récent "Haruka", avec un invité de marque, le trompettiste Paolo Fresu. ( cds parus sur le label italien ABEAT Records )

Eh bien, malgré des conditions météo très hivernales, la salle était chaude. Deux rappels longuement applaudis et des cris enthousiastes quand le pianiste Gerardo Di Giusto suggérait aux organisateurs de revenir au Théâtre en 2010 avec Paolo Fresu.

Au cours des trois années entre les deux concerts, la formation nippo-argentine a effectué de nombreuses tournées. Le concert de Charleville était le 17ème de ce tour européen. Le groupe ne pouvait plus gagner en cohésion, le concert de 2007 étant déjà un sommet à ce niveau. Peut-être a-t-il un peu gagné en spontanéité et en décontraction : on sent que ces quatre fantastiques musiciens se connaissent parfaitement, et que les dizaines de concerts n'ont pas entamé leur enthousiasme et le plaisir qu'ils ont à partager leur musique avec le public.

Il est difficile de déceler les compositeurs des différents morceaux joués ce soir, extraits des trois cds parus : les quatre musiciens y sont allés de leur plume, mais on ne peut pas dire que certaines compositions évoquaient résolument l'Amérique du Sud ou le Japon. On peut aussi déceler quelques réminiscences de pop-music progressive, voir de jazz-rock, mais la musique de Gaia Cuatro, malgré ( ou grâce à ) toutes ces références discrètes, est étonnamment personnelle.
Bizarrement Tomohiro Yahiro se réfère peu à la tradition des percussions japonaises, mais se révèle un grand spécialiste des rythmes caraïbes. Son set de percussions, plus réduit qu'en 2007, est d'ailleurs assez hétéroclite : cajon, djembé, tambour basse dont j'ignore l'origine, cymbales, shimes, sifflet et sonailles de cheville... Ceci ne l'empêche pas d'avoir un jeu foisonnant.
Aska Kaneko possède visiblement un énorme bagage de musique "classique", mais elle s'en sert pour improviser comme nulle autre, avec une virtuosité époustouflante et une fougue qui l'emporte des pieds à la tête. Elle ondule tout au long du concert et son visage exprime tour à tour la joie (quel sourire radieux!) ou des sentiments plus empreints de nostalgie. Elle possède aussi un très beau timbre de voix, et s'en sert régulièrement pour introduire les morceaux.
"Nada",le morceau le plus "oriental", est en fait une composition de Gerardo, mais Aska par le biais d'un toucher des doigts et de l'archet, fait sonner son violon à mi chemin de la flûte shakuhachi du Japon et du violon ou sarangi de l'Inde du Sud: un moment magnifique . (écoutez la version enregistrée avec Paolo Fresu sur "Haruka", c'est d'une beauté à pleurer !)
Carlos "el tero" Buschini est un bassiste qui met en place une assise chaloupante, et développe des phrases très mélodiques. Alternant la contrebasse et la basse électrique 6 cordes, il développe parfois sur celle-ci un jeu en accords proche de la guitare. Comme ses partenaires, il affiche sur scène un bonheur de jouer évident.

Reste Gerardo Di Giusto au jeu de piano mêlant harmonies classiques, jazz et sud-américaines.Sur certains morceaux, il ajoute à son piano quelques effets électroniques très discrets. Il sait aussi se montrer percussif et construit en permanence l'architecture des morceaux, ses improvisations n'étant jamais démonstratives (malgré une technique sans faille), mais participant à la construction des morceaux. Car c'est bien là que se situe l'attrait principal de la musique de Gaia Cuatro : la virtuosité des musiciens, leur enthousiasme, le plaisir qu'ils prennent et qu'ils partagent sont au service d'une écriture originale. On est loin de la succession de chorus revenant à la reprise d'un thème joué au début du morceau. Et le miracle est que cette musique écrite et sophistiquée accroche l'auditoire dès la première note du concert, et ne lâche pas avant la fin du concert. Que du bonheur !

Patrice Boyer

Photos de la balance et du concert par Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel


photo Dominique Rieffel


photo Dominique Rieffel


photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel
Photos du concert par Michel Renaux

photo Michel Renaux

photo Michel Renaux

photo Michel Renaux

photo Michel Renaux

photo Michel Renaux

photo Michel Renaux

photo Michel Renaux

photo Michel Renaux

photo Michel Renaux

photo Michel Renaux

photo Michel Renaux

photo Michel Renaux


photo Michel Renaux


photo Michel Renaux

photo Michel Renaux

photo Michel Renaux

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lire l'interview de Gerardo Di Giusto accordée en 2007